La version d’Android 5.0 a finalement été déployée après un bug important survenu le 3 novembre, date officielle du lancement. Google a ainsi préféré assurer la sortie de sa nouvelle mise à jour en la repoussant plutôt que reproduire le fiasco qu’a connu Apple avec l’iOS 8.0.1.
Alors que nous avions passé en revue les principales volontés du Material Design (
ici), nous vous proposons à présent d’approfondir le tout en nous intéressant davantage à l’utilisation du design d’expérience utilisateur que Google place dans ses priorités.
Origine du flat design
Il y a quelques années, lorsque les nouvelles technologies, et notamment les appareils tactiles, commencèrent à exploser et envahir le monde, les designers ont été forcés d’inventer des codes ergonomiques et graphiques pour que les utilisateurs s’imprègnent du fonctionnement de l’appareil et puissent naviguer facilement et rapidement. Les éléments d’interaction et les supports visuels ont donc été conçus pour ressembler presque traits pour traits à leurs équivalents physiques. Ainsi, l’application « contacts » avait pour icone une représentation fidèle d’un carnet d’adresses avec sa couverture et ses onglets de différentes couleurs. À titre d’exemple, on peut également citer les applications « notes », « calendrier » ou « boussole » dont les icones incarnaient parfaitement le skeuomorphisme, style de design dont le principe est de reproduire l’ensemble des éléments qui permettent de reconnaître l’objet tel qu’il est dans la réalité.
On épure, on met de la couleur et on aplatit !
Initié par Microsoft et Google dans leurs interfaces desktop puis mobiles, il a fallut attendre qu’Apple sorte iOS 7 pour propulser le flat design sur le devant de la scène et faire de lui le style de design universel qu’il est aujourd’hui. Sites web ou interfaces mobiles, le flat est partout et s’invite même dans la pub et les supports
print. Design minimaliste et épuré, dépourvu de détails superflus, sa volonté est d’améliorer la compréhension et la lisibilité de la composition visuelle par l’utilisation d’aplats de couleurs, de typographies structurées et structurantes ou d’iconographies simplifiées et linéaires.
Les codes visuels ont été redéfinis puisque les usagers sont aujourd’hui « conditionnés » à l’usage du mobile, à la composition des écrans et aux interactions qu’ils peuvent rencontrer lors de la navigation. Avec le flat design, il n’est plus question de pédagogie mais bien de style et d’esthétique. Les designers cherchent à véhiculer les informations de façon claire et immédiate. Le but n’est pas de surcharger les écrans au détriment d’une bonne lisibilité car qui dit « mauvaise compréhension » dit « mauvaise expérience utilisateur », qui entraîne alors le décrochage de ce dernier.
Le flat dans le Material Design de Google
Il n’y a pas règles clairement définies concernant le flat design, seulement des grandes tendances que nous avons cité plus haut. Avec Android 5.0, Google le réinterprète à sa sauce et se l’approprie. Couleurs franches, vives et contrastées ; suppression des lignes de séparation, ajout de plus grandes images, le flat design est ici sublimé. On sent la volonté de Google de conquérir de nouveaux consommateurs, pourquoi pas ceux qui auraient été attirés par le design d’Apple…
Android se met à la page du design mais ce
flat n’est plus aussi plat qu’à ses débuts puisque Lollipop apporte une profondeur de champ et donne du relief aux éléments graphiques. Les ombres, mêmes légères, tranchent avec les écrans
flat que nous avions pu voir jusqu’à présent sous iOS 7. Elles surélèvent les objets qui ont besoin de l’être, sans en faire top. La version d’Android KitKat n’était en réalité qu’une transition entre Jelly Bean et Lollipop, celle qui allait progressivement amener les changements graphiques et ergonomiques. Lollipop simplifie ses écrans, simplifie ses icones et ses processus de paramétrages rapides. Attention, car à trop vouloir simplifier et gagner en espace, on peut perdre en visibilité et lisibilité. Les icones de la status bar ou de la barre de navigation ont ainsi été modifiées et même si ce qu’elles indiquent ne change pas, elles perdent en compréhension.

Google modifie également certains codes qui démarquaient Android de son concurrent principal. En effet, la nouvelle configuration graphique des écrans impose l’utilisation d’arrière-plans de couleur blanche alors que jusqu’à présent, Android conservait le noir dans le but d’économiser la batterie. Épurer et éclairer par le blanc, aussi esthétique qu’il soit, fait reculer Google dans sa volonté de préservation de l’énergie. Deuxième point critiqué par les premiers utilisateurs de Lollipop, la fixation de la barre de recherche sur tous les écrans d’accueil fait faire machine arrière à la personnalisation du mobile.
L’expérience utilisateur au cœur du processus
Placer l’utilisateur au centre de ses préoccupations revient à reconsidérer la conception de l’interface. L’ergonomie et l’architecture des informations doivent être pensées en fonction de l’évolution des usages mobiles. L’objectif est de concevoir le produit en fonction des habitudes de l’utilisateur pour l’engager tout au long du parcours. Par exemple, une application B2B n’est pas envisagée de la même façon qu’une application à destination de clients B2C. Les collaborateurs d’une entreprise ou les forces de vente mobiles ont besoin d’un outil qui améliore leur façon de travailler plutôt qu’un enchaînement d’effets en tout genre.
Le design joue un rôle important dans cette démarche centrée utilisateur. Mis à part son esthétisme pur, le Material Design de Google apporte de la lisibilité et entend accentuer les interactions avec l’utilisateur. L’apparence de l’application entre en jeu dans la perception qu’en a l’utilisateur, dans son degré de confiance et de fidélité. Google a depuis longtemps conquis des millions d’utilisateurs avec ses interfaces bien construites. Aujourd’hui, l’entreprise américaine réinterprète la navigation, la construction des écrans et le design de chaque élément.
Avec le développement des dispositifs numériques et la multiplication des points de contact, le parcours utilisateur devient de plus en plus complexe. Le design d’expérience utilisateur a donc pour but de le fluidifier et le rendre cohérent. Google a compris le rôle que pouvait avoir
l’UX Design sur la perception du client pour la marque. Une mauvaise expérience est en moyenne relatée 17 fois autour de soi, de quoi perdre de nombreux clients potentiels en une seule utilisation. L’environnement entre également en jeu. Par exemple, une mauvaise luminosité extérieure, les circonstances de la journée, la fatigue, l’humeur ou un environnement bruyant peuvent provoquer un décrochage chez l’utilisateur.

La qualité de l’expérience utilisateur, bien que difficile à quantifier, reste la clé du succès pour un système d’exploitation comme Android Lollipop.
Les utilisateurs seront-ils conquis par ce nouveau design, le nouvel environnement leur facilitera-t-il davantage la navigation ?
Ce renouveau ergonomique perturbera-t-il les habitudes des aficionados Android ?
1 comment
Laissez un commentairePaul Leman - 17/11/2014
Il est en effet amusant de voir que le Flat Design envahit maintenant le print. Pour moi, un des exemples actuels le plus frappant est sans doute la campagne McDonalds actuelle: http://loanisinthekitchen.com/news-curiosities-food/la-nouvelle-campagne-daffichage-de-mcdonalds-2014/